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[Aissa]

Ce matin, j’ai croisé Karim. Depuis notre première discussion je le croise très souvent, il a toujours l’air mal à l’aise et bizarre quand il me parle, je trouve ça drôle. Dès fois j’ai l’impression qu’il fait le maximum pour que nous nous croisons ou même qu’il me suit. Je suis probablement paranoïaque. C’est toujours comme ça, je pense toujours au pire quand il s’agit d’inconnus surtout si ce sont des hommes.

Cette fois ci, il m’a demandé comment se passaient mes examens je lui ai répondu que ça se passait plutôt bien alors que j’ai tout foiré. Avec ma mère de plus en plus étouffante, ce qui me sert de beau-père (quand il est présent) qui fait le gendarme et leurs disputes incessantes je ne sais pas comment je peux être dans la paix du seigneur deux minutes. Je ne sais pas que fait une femme comme elle avec cette chose-là, c’est vrai qu’à un moment donné il a fallu qu’elle se marie après la mort de mon père dont je n’ai aucun souvenir, mais il ne fallait pas qu’elle choisisse cet homme peu aimable : trapu, moche comme un pou, sale, belliqueux, et pervers ; on dirait la version démoniaque de Quasimodo. Il est riche néanmoins et dans cette société un mari riche est un bon mari pour les parents parce qu’eux, ne vivent pas avec lui donc le comportement importe peu l’essentiel c’est qu’ils reçoivent de l’argent. Parfois j’ai pitié de ma mère, certains sont devenus fous à lier pour moins que ça.

Voila que je le recroise encore une fois, là où nous nous sommes rencontrés la première fois, je vais aller lui parler ça me fera de la compagnie, j’adore papoter.

-Alors mon ami Aujourd’hui on dirait que tu me suis hein

-Non je ne te suis pas dit-il en bafouillant, c’est le hasard

-Le hasard fait bien les choses.

Pourquoi j’ai dit ça ? Il va commencer à se faire des idées.

-Tu fais quoi dans la vie ? lui dis-je pour changer de sujet

-Je suis consultant juridique, je travaille en freelance

-Je me disais bien que je te vois trop souvent pour quelqu’un qui va travailler

-La majorité du temps je travaille chez moi mais je vais beaucoup aussi dans les entreprises avec lesquelles je travaille

-Elle doit être excitante ta vie

-Oh non loin de là

-Je sais, c’était du sarcasme. Tu n’es pas très drôle hein l’ami

-Pourtant si, ma mère me dit toujours que je suis drôle

Il ne manquait plus que ça, c’est un fils à maman.

-Ça aussi c’était du sarcasme enchaine-t-il

Nous rions ensemble, ce n’était pas drôle mais son rire et contagieux et quel beau sourire il a les dents éclatantes. J’aurais pu me mirer dessus.

[Karim]

Elle m’a dit on dirait que je la suis. J’espère qu’elle ne l’a remarqué et que c’était une blague. J’ai commencé à la « suivre » depuis le jour où j’ai su mes sentiments pour elle. Je connais ses habitudes les gens qu’elle salue, ceux qu’elle ne salue pas le chemin qu’elle prend pour aller prendre son bus, la boutique qu’elle préfère dans le quartier. J’ai fait exprès de la croiser de temps en temps juste pour voir de plus près ses yeux, son regard qui m’intimide tant et me fascine. On dit que les yeux sont le miroir de l’âme, alors elle a une âme splendide.

J’avais arrêté cette mauvaise habitude, mais mon amour pour elle me force à vouloir savoir où elle est, ce qu’elle fait, c’est tout à fait normal.

Quand j’étais enfant je suivais des gens dans la rue au hasard, ça m’amusait de jouer à l’espion, de suivre les gens en silence, deviner où vont-ils, que font-ils dans la vie etc. Maintenant, je peux suivre quelqu’un aisément pendant des heures sans qu’il s’en aperçoive, c’est encore plus facile dans ce pays, se fondre dans la masse est un jeu d’enfant.

Je sais qu’elle vient réviser toujours ici donc je l’ai devancé espérant qu’elle vienne me parler et c’est ce qu’elle a fait. Ses beaux cheveux dans le vent, son odeur, son sourire, ce regard qui me fascine tant, tout est parfait chez Aissa.

Elle est si précieuse, si douce. Cette fois-ci je ferai en sorte que cela ne se passe pas comme les dernières fois.

Note: Cette histoire est la suite de cette histoire je vous conseille de la lire pour mieux comprendre:

Aïssa

Bonne lecture!