Heureux

Papa Ibrahima FALL
3 min readNov 27, 2023

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J’aime beaucoup trainer des pieds après les cours, en réalité je voudrais arriver le plus tard possible à la maison, éviter tout le monde, m’enfermer dans ma chambre et m’enfouir sous mes draps. Je me laisse emporter par les gens, je titube, je me perds dans mes pensées.

Je lis les affiches publicitaires sur les bus, sur les murs, je les juge, je devine ce qui se passe dans les vies des gens que je croise. Leurs vies doivent être tellement plus intéressantes que la mienne…

Un bus passe, dessus il y est écrit “Êtes-vous heureux ? Les soldes de SuperC vous rendront définitivement heureux”. Drôle de question.

En y pensant… Suis-je heureux ? Je ne me suis jamais réellement posé la question.

Le ciel s’assombrit, les visages à mi-découverts, il y a moins de bruit, seuls ceux des pas se font de plus en plus entendre, tout le monde se presse de rentrer chez soi. Sauf moi. Je ne veux pas rentrer mais je suis fatigué, je sens la lourdeur de mon corps surtout celle de mes jambes. La fatigue m’habite et ce, depuis aussi longtemps que je m’en souvienne.

Rien ne me donne envie. Je n’ai pas envie de dormir ni de manger ni de sortir ni de communiquer avec les gens, je n’ai personne avec qui parler d’ailleurs. Je sens un vide, je vis machinalement au jour le jour en espérant de ne pas me réveiller le lendemain, mais bon il faudrait que je dorme assez. Je ne me rappelle plus de la dernière fois où j’ai eu une nuit de sommeil complète. Je passe mes nuits à me retourner dans mon lit, à essayer d’oublier ma vie, à essayer d’oublier la vie, à essayer d’oublier que je vis.

J’arrive en bas de notre immeuble, je ne veux pas monter, je ne veux pas aussi avoir à expliquer pourquoi je suis là aussi tard, j’évite la confrontation au maximum. J’entre, je salue tout le monde je mens en disant que j’ai mangé en cours de route, je n’ai juste pas envie de manger, de surcroît avec tout le monde. C’est un moment pour chacun de raconter sa vie et ses accomplissements, mais moi je n’ai rien à raconter, ma vie est terne, monotone rien d’excitant ou de déroutant ne s’y passe.

Je retrouve mon lit, le seul endroit où je me sens à l’aise, sous la chaleur et la pénombre de ma couette, mon havre de paix. Là où personne ne me toise, personne ne me juge, personne ne me parle. Il n’y a que moi, les ténèbres et mes pensées. Mes sombres pensées qui me font demander quelle utilité j’ai dans ce monde, je n’ai de l’attachement pour personne ni pour quelque chose. Qu’est-ce qui me retient ici ? Qui se soucierait de mon départ ? Sans doute ma famille ? Ils m’oublieraient surement au bout d’un certain moment comme les autres m’oublient alors que j’existe. Peut-être je ne devrais plus exister.

Je repense à la phrase de tout à l’heure « Êtes-vous heureux ? », cette question va me hanter toute la nuit parce que je n’arrive pas à y répondre. Je ne sais même pas ce qu’est être heureux. Si c’est être aimé, je ne me sens pas aimé. Si c’est aimer quelqu’un ou quelque chose je n’arrive pas à aimer quelqu’un et je n’aime pas grand-chose et rien ne me passionne à vrai dire.

Je ne peux juste pas répondre à cette question.

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Papa Ibrahima FALL

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